Historique

De grands changements politiques et culturels ont eu lieu dans notre département durant le 19 ème siècle, cela a provoqué une réelle prise de conscience des souffrances de certains enfants et abouti à la création de la Société De Protection Pour L’Enfance Maltraitée Et Moralement Abandonnée.
UN SIÈCLE D’HISTOIRE VAROISE
La troisième république a été proclamée le 1 er Septembre 1870.
Après une période de turbulence politique, la démocratie retrouvée permettait le vote de très importantes lois fondamentales.  Sous l’impulsion de Jules Ferry la France fut alors dotée d’un enseignement primaire gratuit, obligatoire et laïc. Les syndicats reçurent une existence légale et les communes un statut libéral.
TOULON, En 1890, grand port militaire de la Méditerranée, est en pleine activité. L’Arsenal emploie de nombreux personnels et la Marine Nationale recrute de nombreux marins. Cela se traduit, pour la ville, par un grand essor économique.
Dans toute la France, le socialisme, le syndicalisme, le catholicisme social sont en plein développement. Permises par la loi, des associations se constituent et des réunions de gens aux affinités proches se tiennent régulièrement
L’ÉPOQUE DES PIONNIERS
Le « Cercle de la Méditerranée » est crée par des toulonnais. Il est fréquenté par des personnalités exerçant une activité professionnelle au sein de la Marine Nationale, de l’armée, de la magistrature, du commerce, de l’industrie, d’élus, et des gens de lettre. Parmi les sujets de discussions les problèmes de la société, alors en pleine effervescence, sont discutés.
A l’occasion d’un échange, Maître POILROUX Avocat, parle avec émotion d’un sujet qui le préoccupe. L’homme de loi aborde le problème de la délinquance juvénile en pleine progression. Il exprime son inquiétude devant l’absence de moyens juridiques pour lutter contre ce fléau. Avec beaucoup de conviction, il explique que la misère est la cause principale qu’endure une partie de la population. Cela se traduit pour certains enfants par des souffrances physiques, comme la faim, le froid, mais aussi morales. Selon l’orateur cette pauvreté, déclenche souvent de la violence familiale, dont les enfants sont victimes.
Les interlocuteurs de Maître POILROUX, qui l’avaient écouté avec beaucoup d’intérêt, furent très touchés voir émus. Certains étaient surpris de découvrir la grande misère dont étaient victimes de nombreux enfants.
LA NAISSANCE DE L’ŒUVRE
Le Docteur AUBIN, médecin chirurgien de la Marine, proposa de créer une œuvre capable de prendre en charge certains enfants, afin de les protéger, de les nourrir et de les éduquer jusqu’à leur adolescence. Monsieur Michel, ancien commerçant, fut chargé d’étudier les moyens à mettre en œuvre pour réaliser ce projet. Rapidement l’œuvre proposée prit forme et un projet de statuts fut accepté, à l’unanimité, par le groupe d’hommes de bonne volonté qui proposèrent de désigner cette association par :
Œuvre Philanthropique pour venir au secours de l’enfance maltraitée ou moralement abandonnée .
C’est donc d’une façon fortuite que la Société de Protection de l’Enfance venait de naître. Maître POILROUX fut désigné comme Président et fit les démarches auprès de la Préfecture du Var pour faire reconnaître le statut associatif.
Sur la demande présentée, le nom initialement donné à l’Association fut simplifié en : Société De Protection Pour L’Enfance Maltraitée Et Moralement Abandonnée (S.P.E.M M.A). L’arrêté préfectoral fut  signé le 2 juillet 1892.
LES PREMIERS PAS DE L’ASSOCIATION
Après la parution du décret, maître POILROUX démissionna de la Présidence. Monsieur Jean Baptiste Abel, député du var, conseiller général, lui succéda en 1892. Ce nouveau Président, peu disponible du fait de ses mandats, démissionna en 1894, cependant il resta fidèle à l’œuvre jusqu’à sa mort.
C’est en 1894, que l’écrivain Jean AICARD pris la Présidence, il assuma cette fonction jusqu’en 1898. Le docteur Charles AUBIN, lui succéda et il est noté que durant sa présidence l’Association se développa de manière importante.
A L’ORÉE DU 20EME SIÈCLE…
UNE MISSION RECONNUE, UNE ACTION LÉGITIMÉE…
LA DONATION DE LA PROPRIETE PAR LA FAMILLE BARTHELON
C’est au cours de l’année 1898, que Mesdames veuves BARTHELON et PEISSON, contactent le docteur AUBIN, et lui signifient leur projet de donation de la propriété qu’elles avaient hérité de Monsieur Jean Joseph BARTHELON.
Pour percevoir un don, il était nécessaire, que l’Association soit reconnue d’utilité publique. Grâce au soutien de personnes influentes, la demande fut exprimée en janvier 1899 et le décret fût signé par le Président de la République Emile LOUBET le 14 juillet de cette même année.
Le 5 janvier 1900 l’acte de donation était  enregistré par l’Etude Notariale de Maître Charles BERTRAND notaire à Toulon.

UN SIÈCLE D’ENGAGEMENT
L’Asile Barthelon, remplit sa mission bienfaitrice pendant toute la première moitié du vingtième siècle. Cependant le fonctionnement de l’association a été quelque peu perturbé pendant les époques de conflits.  Elle subit et paie son tribut aux deux guerres mondiales.  Pendant toute cette période garçons et filles sont hébergés et reçoivent gîte et éducation. Jusqu’à la fin de la deuxième guerre mondiale, le nombre d’enfants accueillis était d’une quarantaine.
Un volontariat et un engagement intact.
A la fin de cette épreuve, en 1945, c’est dans un contexte encore très difficile, que la Société de Protection de l’Enfance maltraitée ou moralement abandonnée,  qui a retrouvé un « Président–né »  conformément à son règlement intérieur,  s’efforce de rétablir le fonctionnement de l’Asile.  A partir de 1948, la confiance est de nouveau au rendez-vous. Des admissions d’enfants sont de nouveau prononcées. Le nombre des jeunes pensionnaires s’élève au début de 1949 à 40 jeunes dont 33 garçons et 7 filles.
A la fin de l’année 1950, le terme Asile, connoté positivement au 19ème siècle, s’efface en ce milieu du 20ème siècle  pour être remplacé par celui plus élogieux de Fondation. Sans pour autant que le statut juridique de Fondation ne soit sollicité. La Fondation Barthelon héberge à ce moment-là 33 garçons et 14 filles.  C’est en 1953 que l’on commence à voir apparaître le terme « équipe éducative », modestement composée de  trois « monitrices », pour 53 enfants filles et garçons.
En 1954 un projet de construction commence à se dessiner matériellement. Mais il faut attendre l’année 1958 pour que les travaux commencent. Pour ce faire, le nombre d’enfants accueillis  est limité à 40 garçons.
Pendant cette période les bâtiments ne sont pas les seuls à bénéficier de modification structurelle.  Le Conseil d’Administration, au cours de l’année  1957 revisite les statuts de l’Association Société de Protection de l’Enfance et à cette occasion, il est rappelé que le Maire bénéficie es qualité de la désignation de membre de droit de Président-né.  Mais c’est aussi l’occasion pour le Conseil d’Administration de préciser statutairement la présence d’un élu du Conseil Général  en qualité de membre de Droit.
En 1960, la première tranche de construction se termine, la deuxième tranche de réhabilitation s’achève en 1961.   A partir de cet instant 90 pensionnaires âgés de 6 à 14 ans, y sont logés et encadrés par une équipe éducative composée de six personnes dont l’une est gratifiée, pour la première fois du statut d’Educateur.
En 1969, 78 enfants sont hébergés et l’équipe éducative est composée de 8 moniteurs. C’est cette même année qu’un psychologue commence à intervenir deux fois par semaine.
De la première crise économique à nos jours …
En 1973 la Fondation continue à accueillir, 89 jeunes âgés au  maximum de 16 ans. Pour s’occuper de ces jeunes, l’équipe éducative à a quasiment doublé, le nombre d’éducateurs est passé à 15.
En 1976, les travaux de réalisation du foyer les Oliviers sont à l’étude. Il est prévu d’implanter ces locaux, sur le terrain jouxtant la parcelle sud acquis par l’Association en 1974. La société LOGIREM est sollicitée et vote le financement à 100 % du budget nécessaire à la construction de ce bâtiment.
En 1978, la tranche d’âge augmente, sur 87 pensionnaires 13 jeunes de plus de 16 ans sont accueillis.
En automne 1980 les travaux du foyer les Oliviers sont terminés, ce qui permet d’accueillir dans des conditions satisfaisantes des adolescents et des jeunes majeurs, tout en respectant leur besoin d’intimité et d’autonomie.
Avec le même souci d’améliorer les conditions d’accueil, et de rendre plus intimes les conditions d’hébergement en internat, le projet de réhabilitation de la Maison d’Enfants est mis à l’étude, sous la forme que l’on connaît à ce jour.
Les dortoirs et les salles à manger communes, les sanitaires dits « collectifs » sont abandonnés au bénéfice d’unités de vie privilégiant une vie collective plus restreinte, avec possibilité pour chaque jeune de bénéficier d’une chambre individuelle. Les travaux commencèrent en mai 1986, et l’inauguration de cette remarquable restructuration eut lieu le 20 mars 1987.
En 1992, de nouveaux statuts furent déposés en préfecture. A cette époque l’Administration demande que le terme de « Fondation », soit retiré, en effet la Société de Protection de l’Enfance n’étant pas reconnue « Fondation », et ne peut en revendiquer le titre.
Le choix se porte alors sur l’intitulé  suivant :
Centre Educatif Jean Joseph Barthelon.
Les nouveaux statuts approuvés par l’Assemblée Générale du 10 juin 1992, ont été mis en application après l’arrêté du  Ministère de l’Intérieur du 29 juin 1995.
C’est aussi au cours de cette année 1992, que l’Association fête son centenaire.
Le 16 et 17 mai 1992 a été l’occasion de commémorer la naissance de la Société de Protection de l’Enfance, le 2 juillet 1892.
LA FIN D ’UN SIÈCLE D’ACTION SOCIALE DE PROXIMITÉ, ET LES PREMIERS PAS DANS LE 21ème SIÈCLE…
L’Association S.P.E est une Entreprise Sociale et inscrit son action dans la volonté d’améliorer, de moderniser et d’adapter son offre de services.
Entre 2007 et 2008 des travaux de réhabilitations du Foyer les Oliviers sont réalisés. En septembre 2008, l’Institution BARTHELON répond à un appel à Projet du département du Var. Il s’agit d’offrir une prestation d’aide de type Accueil de Jour. C’est pour l’Association et les équipes éducatives un moment crucial, mais c’est aussi l’occasion de démontrer au regard de son évolution historique, la capacité d’adaptation de cette Association et de ses personnels.
Le projet qui est présenté, oriente son service au bénéfice de fratries et cela a pour conséquence de permettre d’envisager la prise en charge éducative de filles jusqu’à 10 ans. Après 58 ans d’accueil exclusivement réservé aux garçons, le Conseil d’Administration de la S.P.E vote ce projet, sans avoir hésité, dans un souci de démocratie et de dialogue, à confronter les idées et les époques.
L’Association S.P.E en 1892, avait mis en avant son sens civique et ses valeurs humanistes, à l’égard de l’enfance en difficulté en prenant garde de ne pas introduire de caractère discriminatoire.
A notre époque ou les questions de la représentativité féminine, de l’égalité des statuts dans la sphère professionnelle et de la question du droit des femmes, sont encore d’actualité; c’est donc rendre hommage aux pionniers de la première heure de l’Association qui fêtera bientôt ses 120 ans, de réaffirmer ses convictions d’équités pour tous et toutes.
Au cours de l’année 2009 les premières mesures d’accompagnement nous sont confiées et l’équipe éducative réapprend à repérer et à satisfaire les besoins des petites filles.
Pour permettre un meilleur accueil, La Maison d’Enfants s’est dotée, au cours de l’année 2010, de locaux adaptés, sur l’unité des plus petits,  afin de garantir l’espace intime indispensable à l’accueil en mixité. Au niveau de l’activité, les choix validés par le Conseil d’Administration de la S.P.E, ont permis d’atteindre l’objectif visé.